Au poker vous êtes votre propre boss. Ce sont vos décisions.
Au poker vous êtes votre propre athlète, votre propre héro. C’est votre performance.
Vous êtes en concurrence contre d’autres individus dans la même situation. Certains ont de l’avance sur vous dans la ‘pyramide du poker’, d’autres sont derrière. Mais il s’agit bien d’un écosystème en mouvement, en mutation : tout le monde évolue doucement mais sûrement (certains évoluent vite), et ainsi une des caractéristiques du poker est qu’il n’est jamais maîtrisé, en tout cas c’est ma vision.

C’est toujours relatif, il suffit de maîtriser relativement plus que nos concurrents.
Apprendre est donc absolument nécessaire, tout le temps. Votre poker est perfectible, et s’il ne l’est pas à un moment, il a toutes les chances de le devenir (l’environnement n’est pas statique).
Il faut bien réaliser que cet apprentissage n’a jamais besoin d’être validé par un diplôme par exemple ; il sera uniquement validé par notre performance et nos résultats (même si ceux-ci peuvent fluctuer intensément et nous décourager à certains moments). Il n’y a pas une ‘université du poker’, qui vous apprendra tous les skills nécessaires et incontournables.

Et c’est là qu’est notre problématique du jour : Comment se former ? Comment apprendre ? Les ressources sont abondantes, mais variables en qualité et en profondeur. Il est aussi aisé de mal les utiliser.
Comment devenir meilleur ?

Investir dans son éducation :

A mon sens, il est nécessaire d’investir dans son éducation. On pourrait aussi dire ‘ s’investir ‘, ça va sûrement être plus efficace que de juste investir. Je veux dire par là qu’il faut amener son énergie, sa volonté d’apprendre, bref, ‘ s’investir ‘. Si vous regardez passivement des vidéos de poker, vous n’en tirerez pas tant que ça. Si vous regardez attentivement et questionnez ce que vous regardez, vous en tirerez bien plus.

De nombreux sites de coaching existent de nos jours, où en échange d’un investissement (généralement mensuel), vous avez accès à un ensemble de vidéos, articles, podcasts, etc. Généralement produites par des professionnels.

Personnellement, les premières années de ma carrière, j’ai investi énormément dans mon éducation. J’ai acheté un abonnement pour beaucoup de sites de coaching existant à l’époque (Cardrunners, Deucescracked, puis Runitonce), tous anglophones. Et j’ai regardé des vidéos, beaucoup de vidéos.

Je passais facilement 2-3h par jour à apprendre, pas forcément plus à jouer. C’est quelque chose que je conseille fortement : passez du temps à apprendre, ne faites pas que grinder. Sinon vous perdez du temps, car vous allez reproduire et entretenir des erreurs : votre jeu n’évolue pas, ou pas assez, ou pas dans la bonne direction. Revenir à la théorie et une certaine distance vis-à-vis du grind, se révèle sur le long terme très bénéfique. Je regardais des vidéos de Bencb789 et de Doug Polk ces derniers mois, et tous les deux insistaient sur ce point : passez 50% du temps que vous passez au poker à apprendre plutôt qu’à juste jouer. Vous ne le regretterez pas.

C’est en cela aussi que nous sommes des investisseurs : nous avons le choix d’investir autant de temps à jouer, autant de temps à review nos mains, autant de temps à travailler notre jeu, etc. Chacun fait in fine comme il veut, je rappelle : vous êtes votre propre boss. Personnellement, j’ai juste appris une tonne en regardant jouer des bons joueurs et en les écoutant exposer leurs logiques et approches. Je ne le regrette pas.

Je tiens à noter ici que le coaching français a toujours été assez en retard sur le coaching ‘international’ (= anglophone), et même si une partie du retard a été comblé, je vous conseille quand même de regarder ce qui se fait en anglais (même si vous n’êtes pas bilingue, il suffit de parler ‘l’anglais du poker’).

Vous pouvez aussi acheter des livres de poker, certains sont intéressants et se relisent volontiers (plus vrai sur les livres relatifs au mental game qu’à la technique). Il existe des perles, mais la majorité des livres de poker sont relativement faibles en potentiel d’apprentissage.

Comme pour les sites de coaching, c’est à vous d’exercer votre esprit critique. Essayez de voir déjà ce que vous pouvez obtenir gratuitement, via vos connaissances par exemple (quelqu’un peut vous prêter un livre ou vous envoyer une vidéo qu’il a téléchargé). Sur les sites de coaching, regardez les vidéos en accès libre. Regardez si ça vous parle.

Demandez à d’autres joueurs plus confirmés pour des recommandations.

Note sur le coaching individuel : bon je fais du coaching individuel sur Ship’it, donc je vais pas forcément me tirer une balle dans le pied non plus, mais voici mon opinion réelle : le coaching individuel, c’est souvent cher pour ce que c’est. Si vous prenez un coach qui demande 100€/heure (je demande significativement moins, au fait!), il faut comparer cela avec le fait que 99$ vous achète 1 mois d’abonnement Elite à Runitonce, où vous pourrez regarder potentiellement des dizaines-centaines d’heures de vidéos (surtout si vous trouvez un moyen de télécharger les vidéos une fois votre abonnement pris). Pour le dire simplement : un coaching en one-to-one, c’est généralement cher. Et ça n’en vaut pas forcément la peine, car il faut banquer sur le fait qu’en juste quelques heures, le coach vous aidera à voir des choses que vous ne verriez pas vous-mêmes, ou vous aidera carrément à changer de dimension dans votre jeu.

Comme les sites de coaching dont les ressources et la qualité varient, les coachs individuels varient beaucoup en qualité, et certains ne vous apporteront rien. Certains n’ont même pas les résultats ou l’expérience pour justifier de quoi que ce soit : à vous de garder les yeux ouverts et de vous fier à vos talents d’investisseur, justement.

Autre considération : avoir une connexion avec le coach peut se révéler décisive. Je veux dire par là : c’est mieux si vous parlez le même langage, si votre approche n’est pas ultra-différente (sauf si justement vous voulez vous exposer à quelque chose de radicalement neuf, par exemple une nouvelle variante). Certains joueurs ont une approche très mathématique et structurée, d’autres une approche plus créative ou non-orthodoxe. Et au delà de ça, les coachs restent des humains, donc certains vont juste vous parler plus que d’autres.

Personnellement, je n’ai pris que 2 coachs dans ma vie : un coach technique en début de carrière, vers 2009, qui en seulement quelques heures m’a révolutionné (il faut dire qu’il jouait en 25-50 et moi en 1-2). Il était tellement bon pour envoyer une tonne d’informations pertinentes en très peu de temps, et à chaque session de coaching je prenais 2 pages de notes. Il a révolutionné mon jeu, donc voilà. Il s’agissait de FenderJaguar, un coach Deucescracked lui-même coaché par Krantz (pour ceux qui ont connu cette époque).

Le second, c’était cette année en 2017, et c’était un coach mental qui est aussi un ami (cherchez, ‘Poker management system’). Je ne le regrette pas, et en l’occurrence il m’a aidé sur un aspect décisif du jeu une fois qu’on a un peu de ‘bagage’ et de maturité : le pourquoi. Structurer sa pratique et son mental comme ça, en fonction des objectifs qu’on se fixe ; injecter du Sens, en fait.

Conclusion : soyez mesurés et intelligents dans vos investissements. Trouvez les meilleurs coachs et mangez leurs idées. Regardez leurs vidéos, ce qu’ils écrivent. Il faut vous rendre compte de l’opportunité : si vous trouvez un bon coach, il peut accélérer votre apprentissage. Une fois que vous trouvez les bonnes ressources, investissez de la façon qui vous semble la plus raisonnable, vous ne le regretterez généralement pas.

Coopérer :

Coopérer est absolument nécessaire dans l’écosystème actuel. C’était moins vrai à la ‘belle époque’, mais de nos jours il y a compétition. Vous serez plus compétitifs en groupe.

Travailler en groupe a plusieurs avantages :

  • Vous avez une émulation directe avec les membres de votre groupe : un de mes potes dans un groupe skype a ship highroller + xtase winamax récemment, et j’peux vous dire que ça m’a motivé à me bouger pour sortir de mon downswing !
  • Vous allez naturellement passer plus de temps à discuter de mains, à discuter poker en général, et donc à étudier.
  • Vous avez le soutien de vos potes – collègues dans les moments difficiles, et parfois ils peuvent vraiment vous remettre d’aplomb.
  • Vous allez avoir la perspective d’autres joueurs sur des spots, ce qui vous forcera d’une part à justifier vos propres plays et thinking process, mais ouvrira aussi vos perspectives sur ce que d’autres peuvent penser du même spot. En somme vous avez plus de chances d’être meilleur aux tables grâce à la vision des autres, du moment que vous gardez aussi votre indépendance et esprit critique.Il y a aussi beaucoup de façons pour un groupe de ne pas fonctionner, ou en tout cas de ne pas durer. Ce n’est pas grave. J’ai participé à une tonne de groupe de travail et quasiment aucun n’a duré plus que quelques mois. L’important est de se mettre ‘en dialogue’ avec d’autres joueurs. Certains contacts resteront. Votre poker évolue de toute façon ; mais rester dans une démarche active d’apprentissage vous aidera à survivre à ses évolutions ; et travailler en groupe vous motivera à continuer d’apprendre.

Simple :

Dans l’idéal, vous préférez avoir dans votre groupe des gens meilleurs que vous, ou plus expérimentés, mais le plus important est surtout : motivation + capacité d’échange. Un excellent joueur incapable de communiquer ne vous aidera que peu. De même pour un excellent joueur peu motivé, ou en retrait du jeu. A vous de trouver qui vous convient, c’est bien d’avoir plusieurs types de joueurs, ou plusieurs groupes, et de tirer ce que vous pouvez en tirer. Et d’apporter ce que vous pouvez apporter, il n’y a pas vraiment de perte : tout le monde y gagne. Même si vous êtes dans un groupe avec des joueurs plus faibles, vous aurez quand même l’exercice de leur ‘transmettre votre expérience’, donc d’expliquer ce que vous faites, et ça a toutes les chances de vous rendre plus fort.

Bonne chance aux tables, et bonne pratique en dehors !